Comment valoriser l’image de la Guinée au-delà d’un simple logo ?

Article : Comment valoriser l’image de la Guinée au-delà d’un simple logo ?
Crédit: Branding National Guinée
25 mars 2023

Comment valoriser l’image de la Guinée au-delà d’un simple logo ?

Dans le but de valoriser, promouvoir et réussir à mettre la Guinée sous le feu des projecteurs, les autorités ont lancé le 30 novembre 2023 le projet Branding National Guinée. L’ambition est grande mais il manque une véritable stratégie. Plus de trois mois après le lancement du projet, rien ne rassure pour l’instant.

Il faut que les autorités guinéennes comprennent qu’on ne réussira pas à vendre la destination Guinée à travers un simple logo. Même si on transforme la carte du pays en Nimba (maque du peuple Baga, en Basse Guinée, symbolisant la fécondité et utilisé comme logo du branding national), tant qu’on ne suit pas les mécanismes avec une stratégie forte et des compétences, ça se limitera à un simple bruit sans effet.

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« L’argent a peur du bruit »

D’ailleurs, plus de trois mois après le lancement du projet où en sommes-nous ? Est-ce qu’on a plus de visiteurs qu’avant ? Le pays est-il mieux référencé ? Avons-nous réussi à développer un site web de destination attrayant ? Qu’en est-il de la présence du pays sur des sites web de voyage populaires ? La stratégie de marketing est-elle efficace ? Autant de questions qui méritent des réponses au niveau des responsables du projet Branding National Guinée.

Mieux, il faut savoir que l’évaluation de la réputation globale d’un pays se fonde sur plusieurs critères : la qualité de vie, les exportations, la gouvernance, la culture, le tourisme, l’investissement, la sécurité… Il y a donc du chemin à parcourir.

Le branding ou le marketing national c’est avant tout la promotion du tourisme et des investissements pour générer de l’argent et permettre au pays de se développer. Comment peut-on donc attirer des visiteurs si le pays lui-même n’est pas attractif ? La culture reléguée au dernier plan, des sites touristiques à l’abandon notamment à l’intérieur du pays, problèmes d’infrastructures (routières, aéroportuaires, hôtelières…). Que dire du climat des affaires et de l’aspect sécuritaire ? On le dit souvent, « l’argent a peur du bruit« .

Où est notre FESPACO ?

Au-delà de tous ces aspects, quel est l’évènement que nous avons aujourd’hui capable de drainer du monde venu de divers horizons, de rapporter des devises et au cours duquel on peut vendre l’image du pays ? Le Burkina Faso par exemple, a son FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou), la Côte d’Ivoire va organiser la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2023… La CAN 2025 prévue en Guinée et qui aurait pu être une bonne opportunité a été retirée parce que rien n’a été fait en amont. D’autres initiatives existantes et innovantes manquent de soutien. Qu’est-ce qu’on veut réellement vendre ?

La volonté est là certes, mais il manque la stratégie. Il n’est jamais tard, on peut se rattraper et se mettre à la tâche. Surtout en s’inspirant des modèles comme celui du Rwanda. Un petit État d’Afrique de l’Est avec 13 millions d’habitants ((2022) mais qui forge l’admiration. Grâce à la nouvelle politique impulser par le président Paul Kagamé à travers la création de l’Office National de Développement du Rwanda (Rwanda Development Board), le pays est un modèle économique sur le continent africain avec une forte valeur perçue de « Marque Pays », jusqu’à rivaliser avec des pays occidentaux.

L’exemple du pays aux mille collines

Aujourd’hui, le pays aux mille collines enregistre près de 2 millions de visiteurs par an pour le tourisme et les affaires. Et vous savez quoi ? Le tourisme est la plus grande source de recettes en devises et le plus gros contributeur à la stratégie nationale d’exportation. Les revenus totaux générés par le secteur dépassent les 360 millions de dollars. Et ce n’est pas tout ! Depuis quelques temps, le pays héberge des événements majeurs notamment des conférences internationales. Le PIB est passé de 19,4% en 2010 à 56,7% en 2019 selon la Banque Mondiale et le taux de pauvreté est passé de 75,2% entre 2000 et 2013 pour se stagner autour de 52%.

Actuellement, le Rwanda aspire devenir une économie à revenu intermédiaire d’ici 2035, et à rejoindre les pays à revenu élevé à l’horizon 2050. Les partenariats avec certains clubs de football (l’autre facette du branding national) notamment PSG (France) et Arsenal (Angleterre), ont aussi aidé le pays à atteindre un autre niveau.

Le pays de Paul Kagamé est de nos jours à une autre phase de son projet de branding national qui consiste à accompagner les entreprises rwandaises à se développer sur les marchés mondiaux. Nous, qu’est-ce que nous faisons pour nos champions locaux ? Ils sont même combattus parfois.

Le projet de branding national est une très bonne chose et peut beaucoup au pays si l’on arrive à se bouger dans tous les gens, en approchant les compétences et en s’inspirant des modèles de réussite.

Pour terminer, je vous invite à visiter le site web de Rwanda Development Board (RDB) et celui du Branding National Guinée. À vous d’apprécier et ça ferait plaisir de lire vos retours en commentaires.

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Commentaires

Mamadou Adama BARRY
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J'ai vraiment aimé ce contenu car il parle lui-même. En plus, les données mentionnées sont factuelles et disponibles pour mieux inspirer les autres. A prendre le Rwanda en 1994 et le Rwanda d'aujourd'hui (2023), il y a une nette différence entre ces périodes. Pourtant la Guinée de 1958 à 2023, nous n'avons toujours pas bougé car jusqu'à présent, nous bataillons pour un problème d'électricité dans plusieurs régions de la Guinée et une partie de la capitale. Quant à l'approvisionnement en eau potable, on en parle même pas tellement on dirait qu'on est dans les années 30.
Par ailleurs, il faut prendre comme exemple le JAPON après deux bombardements à Hiroshima et Nagasaki lors de la première et seconde guerre mondiale où, ils ont fait le développement de leur pays un cheval 🐎 de bataille.

A travers ce branding national Guinée, il n'y a pas une véritable stratégie digne de nom devant permettre à la Guinée de sortir victorieuse au-delà d'un simple logo placé çà et là sans aussi aucune charte graphique.

On reviendra avec d'autres explications pour mieux contribuer à la promotion de ce branding national.