Recrutement de nouveaux enseignants contractuels : une charge de plus pour les parents d’élèves ?

Article : Recrutement de nouveaux enseignants contractuels : une charge de plus pour les parents d’élèves ?
Crédit: Facely Konaté
23 septembre 2022

Recrutement de nouveaux enseignants contractuels : une charge de plus pour les parents d’élèves ?

En Guinée, la rentrée scolaire 2022-2023 est prévue pour le mardi 4 octobre 2023. Pour pallier au manque d’enseignants dans les écoles publiques, le gouvernement annonce le recrutement de 15 415 enseignants soit 11 861 pour l’élémentaire et 3 554 pour le secondaire. A lire les différents courriers du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation et celui de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation adressés aux administrateurs territoriaux, inspecteurs régionaux et directeurs préfectoraux de l’éducation, il ne s’agit pas de recrutement à la fonction publique contrairement à ce que pensent certains, mais plutôt de “contractualisation avec les communes”. Les administrateurs territoriaux doivent en effet, mettre en place des comités en appui aux communes pour la formalisation rapide des contrats de travail entre celles-ci et les enseignants contractuels. Une première rencontre s’est tenue jeudi 23 septembre 2022 entre les différents acteurs.

C’est connu de tous ! Le manque d’enseignants dans les établissements scolaires publics de Guinée constitue un véritable problème auquel l’Etat n’arrive toujours pas à trouver solution. On ne le dit pas peut-être, mais l’une des causes des échecs massifs aux examens nationaux session 2021-2022 (CEE 17,62%, BEPC 15,04% et baccalauréat 9%) c’est bien ce manque d’enseignant. A titre d’exemple, au collège Mohomou de N’zérékoré, il n’y a que 8 enseignants titulaires sur 24. Le reste ce sont des contractuels qui viennent en appui. C’est le cas au lycée Félix Roland Moumié où 15 des 26 enseignants en situation de classe sont des contractuels. Dans cette localité, il n’y a pas eu pratiquement de cours l’année scolaire passée à cause des mouvements d’humeur des contractuels qui ont boudé les classes.

Le recrutement de nouveaux contractuels, un raccourci qui ne change rien

Je ne sais pas ce qui motive cette décision des autorités, mais à mon avis elle n’a pas de sens. Il y a quand même plus de 10 000 enseignants contractuels à travers le pays qui peinent à être pris en charge comme il se doit par les communautés et l’Etat. Payés à des salaires dérisoires de 500 000 à 700 000 GNF, certains ont même fini par abandonner. Ceux qui tiennent encore font la rotation entre le public et le privé. C’est tout comme des enseignants titulaires d’ailleurs. 

En plus, je pense que ce sont les parents d’élèves qui paieront les frais avec le contexte économique actuel difficile et la flambée des prix des denrées et des fournitures scolaires.

Les anciens contractuels qui ont fait plus de 10 ans pour certains étaient ou sont aussi à la charge des communautés (communes) et nous connaissons les résultats. Aujourd’hui, c’est une autre réalité dans les écoles publiques. La cotisation annuelle des parents d’élèves appelée “APEAE” fixée par les textes à 8000 GNF à l’élémentaire et 10 000 GNF au secondaire, est passée respectivement à 50 000 GNF et 150 000 GNF ou plus, à N’zérékoré par exemple. Et pour justifier cette augmentation, les responsables d’écoles disent que c’est pour prendre en charge les contractuels et le fonctionnement de l’établissement. Sans oublier qu’on demande parfois 250 000 à 300 000 GNF pour les frais de table-banc et de transfert pour les nouveaux élèves ou ceux qui changent d’établissement. Un business voilé pour, dit-on, soutenir les enseignants contractuels mais sur le dos des parents. La pratique perdure depuis des années à cause de l’incapacité de l’Etat à faire face au manque d’enseignants.

Comment des communes qui n’arrivent pas à faire face aux besoins primaires de leurs populations et qui sont décriées pour leurs mauvaises gestions peuvent faire face aux salaires des plus de 15 000 nouveaux enseignants contractuels ? Elles seront contraintes comme toujours de se rabattre sur les écoles et c’est pour créer d’autres problèmes encore aux responsables d’écoles et parents d’élèves. Car, depuis l’annonce de la nouvelle, les gens se pointent chaque matin dans les écoles en disant que le gouvernement a décidé de prendre en charge les contractuels et qu’on a mis l’argent à la disposition des communes. Les pauvres ! Et pour ce qui est de la suite, on sait que la contribution parentale annuelle (APEAE) va augmenter. Et pour celui qui sait qu’il y’a des parents qui peinent à trouver même des fournitures scolaires pour la prochaine rentrée… Bonjour les dégâts. Le taux d’abandon scolaire va forcément augmenter surtout en milieux rural. 

La fonction publique, la solution

Pour éviter les perturbations de l’année scolaire comme ce fut le cas l’année précédente et surtout les échecs aux examens, le gouvernement à travers le ministère en charge de l’enseignement pré-universitaire doit faire la situation (si ce n’est pas fait) et ensuite lancer le processus de recrutement à la fonction publique en donnant la priorité à ceux qui ont fait plusieurs années dans le système et qui on le niveau. J’insiste sur le niveau parce que même au sein de ceux qui sont engagés, il y a un besoin de formation.

En plus donc du recrutement, il faut un salaire conséquent pour rendre le secteur attractif. On peut le faire et je ne crois pas que le problème soit au niveau des ressources financières. Là où la solde des soldats a été revue à la hausse, ça veut dire que c’est possible. Et mieux, le porte-parole du gouvernement a affirmé que les caisses de l’Etat sont remplies plus que de par le passé et son homologue du budget a aussi déclaré récemment devant les conseillers nationaux que l’Etat guinéen est capable de financer les travaux de la CAN 2025 qui s’élèvent à $800 000 000. Ça veut dire que wari kassia tchai.

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Commentaires

Mohamed Saïdou camara
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N'nallah c'est compliqué l'État joue le rôle du cache nez...
Il ne veut pas recruter en passant par la technique de la terre brûlée....

CECE RICHARD LAMAH
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Je suis intéressé.
Je suis un géographe de formation capable de dispensé les cours de géographie,ECM